DOM JUAN 2.0
- théâtre MARTINIQUE
- 18 avr. 2016
- 6 min de lecture
DU MER. 20 AU SAM. 23 AVRIL 2016
THÉÂTRE AIMÉ CÉSAIRE / FORT-DE-FRANCE

VERSION 2.0 Sept comédiens, cinq hommes et deux femmes, interprètent cette comédie qui compte une vingtaine de rôles. L'acteur ici ne se cache pas derrière son rôle, il existe en tant que tel, il est là pour nous raconter une histoire. A l'heure du numérique, d'internet 2.0 et des communications virtuelles, où les relations se tissent par écrans interposés, réseaux sociaux et plateformes de rencontres, que reste-t-il des rapports humains, sincères et spontanés ? En s'appuyant sur leur personnalité propre et la maitrise de rôles qu'ils interprètent avec autant de profondeur que de légèreté, les comédiens prennent possession du plateau pour créer un véritable dialogue avec le public. Un rapport ludique s'établit et introduit une idée de théâtre au présent. Sous couvert de présenter un filage de sortie de résidence, les acteurs se présentent ici eux-mêmes au public à travers la pièce de Molière. En parallèle de leur jeu de comédien, ils se dévoilent au spectateur, dans leur rapport de groupe, leur fragilité, leur espièglerie, leurs doutes et coups de gueules. Ils envahissent le plateau entre deux scènes de Molière et nous livrent avec force et honnêteté un miroir sur toute la complexité et la beauté du rapport humain.

Note d'intention du metteur en scène
Aimer toutes les femmes, les posséder toutes, tel est le rêve de Dom Juan. Cette obsession est sa caractéristique la plus connue, ce qui pourrait nous amener à penser que la séduction est l'unique thème de cette pièce si souvent représentée. Mais s'il est vrai que l'homme en question consacre sa vie à ce jeu cruel, ce n'est pas la raison première de mon intérêt pour le personnage. Il représente à mes yeux plutôt une révolte envers les systèmes d'une société régie par la morale et la religion. Il s'agit bien sûr d'un portrait du passé. Nous sommes en 1665, à la cour du Roi, entouré de nobles en perruque et dentelles. Dom Juan est un révolté sans éthique. Mais n'est-il pas plus courageux d'assumer ses idées en dépit du regard des autres plutôt que de se plier à certaines règles qui nous ont été imposées, au risque d'effacer nos désirs ?
Luca Franceschi

PARCE QU'À L'OPPOSÉ DU DRAME ET DU DÉSESPOIR, IL Y A LE RIRE ET LA POÉSIE Notre Dom Juan 2.0 est coloré, virevoltant, extravagant et actuel ! Embarquez aux côtés de nos comédiens qui redécouvrent avec vous cette pièce de Molière, une des plus controversées de l'époque et pourtant si frappante de pertinence aujourd'hui. Laissez-vous séduire par le talent et l'énergie de ces sept acteurs, sept personnalités marquantes dans leurs différences et leurs contradictions.
Une adaptation Commedia dell'arte du Dom Juan de Molière
Dom Juan, une pièce très particulière que l'on pourrait appeler comédie noire tant les scènes tragiques et désespérées sont éclairées par la drôlerie des situations. C'est une véritable tragi-comédie forte, intelligente, bouleversante et nous l'interprétons dans le style de la commedia dell'arte car, contrairement à l'étiquette qui lui est le plus souvent donnée, cette dernière n'est pas seulement vouée au rire, mais bien plus à une alternance de comédie et de drame. Choisir de traiter l'oeuvre de Molière en Commedia dell'arte - sans masque et personnages types mais dans son essence et son énergie - et d'autant plus avec une scénographie contemporaine, c'est également replacer cette pièce entre la tradition d'un théâtre populaire et l'intemporalité du propos même de « Dom Juan ». Le texte est ici respecté, délivré sans triche aucune. La Commedia dell'arte sert un théâtre de tréteau que nous défendons comme résolument populaire et actuel, notamment par la mise en abîme, le jeu de «théâtre dans le théâtre », l'énergie et le rythme impulsés par la troupe.

Luca Franceschi (Mise en scène et adaptation)
De nationalité italienne, formé à l'école internationale de mimodrame de Paris Marcel Marceau. Comédien de la compagnie Les Scalzacani puis comédien de Carlo Boso à la compagnie Tag Teatro de Venise. Depuis 1988, il participe en tant qu'enseignant, metteur en scène et comédien à diverses rencontres internationales : Festival Harlekin Art (Metz), Festival Médée (Berlin), London Mime Festival (Londres), Festival du Théâtre Masqué (Hong Kong), Festival Cervantino de Guaranjuato (Mexique). Il est également maître de stage « commedia dell'arte » et metteur en scène auprès de plusieurs compagnies depuis 1991 en Italie, France, Belgique, Suisse, Espagne et Canada.
Mise en scène et adaptation : Luca Franceschi
Idée originale : Thierry Auzer, Luca Franceschi
Scénographie : Thierry Auzer, Vincent Guillermin
Création lumière : Romuald Valentin
Costumes : Zoéline Getin
Photos : Jean-Marie Refilé

Dans la presse :
Coline Béret Sept comédiens réinterprètent à merveille l'oeuvre, sans doute la plus connue, de Molière : « Dom Juan ». Le texte d'origine est respecté dans sa totalité, l'humour et l'originalité se trouvent entre les actes et les scènes : les comédiens, redeviennent comédiens et non plus les personnages qui jouent. Il y a un «jeu dans le jeu », ce qui rend la pièce moderne et dynamique. Le spectacle est d'autant plus original grâce aux tréteaux au milieu de la scène qui est le seul décor. Cela donne, dans sa simplicité, de la clarté, de l'énergie et des tableaux très actuels. La musique est aussi très présente dans ce spectacle, les comédiens sont, pour certains, également chanteurs et musiciens. Leur jeu est superbe ! Il y a un décalage très surprenant entre le texte tragique d'une part et la mise en scène comique d'autre part. Ce texte classique joué et rejoué est présenté sous une nouvelle forme, rafraîchissante, pleine d'énergie et d'originalité. Ce spectacle est complet, le texte de Molière est vraiment mis en valeur par la subtilité des comédiens et de la mise en scène.
Béatrice Stopin [...] Ce Dom Juan 2.0, adapté par Luca Franceschi, se veut vivant, extravagant et actuel par une mise en scène combinant le classique et le contemporain avec une habileté qui assure l'harmonie générale de la pièce. L'interprétation nous embarque de suite dans un rythme soutenu mais non dénué de respirations indispensables avec, pour scénographie, un « simple » échafaudage, à la fois navire, champ de bataille, cimetière ou encore lieu de conquête. À la fois drôles et émouvants, alternant la comédie et le drame, les sept comédiens interprètent une vingtaine de rôles qu'ils s'approprient aisément pour délivrer au public le rire ou l'émotion en une fraction de seconde...
Orélien Péréol
Cette compagnie donne un spectacle dans une veine commune, de truculence, de jeu jubilatoire avec le texte, les mots, les personnages, dans une vision iconoclaste de l'héritage théâtral. f...] Ils ne font qu'une bouchée de Dom Juan. Le public arrive par la scène, c'est sans doute un hasard, mais c'est un hasard heureux. Les comédiens sont là, s'activent,jouent ou pas. Une comédienne ne trouve pas une de ses chaussures. On pourrait être dans une version déglinguée du début des six personnages en quête d'auteur. Bon. Voilà, ça commence. Nous allons assister à une présentation de fin de résidence. Tout n'est pas prêt. D'alleurs un comédien vient rajouter un bout de rambarde à l'échafaudage qui est l'essentiel du « décor ». Ils parlent tous à la fois, Un charivari. Puis, un prologue. Interrompu par Dom Juan et Sganarelle. Le comédien à qui on a coupé le parole réclame: « Ça ne se passera pas comme ça. » II faut lui céder. Retour à Dom Juan et Sganarelle : on entend le texte de Molière. Ah ! Le malheur de servir un seigneur méchant homme... il vaudrait mieux être au diable qu'être à lui. On sent qu'il se plaint, qu'il résiste et qu'il finit toujours par obéir. Il l'aime bien, son maître. De nouveau, tout s'arrête, Les comédiens sont coincés. Ils ne sont pas d'accord sur la manière de jouer la suite. On aura cette suite dans le récit de ce que chacun aurait fait pour la jouer. Les comédiennes et comédiens attrapent plusieurs rôles (sauf le duo d'hommes central). Il y a un grand respect du texte, des personnages, alors que tant de choses viennent de guingois. Toutes sortes de manières sont explorées. On est dans un théâtre dans le théâtre, dans un jeu sur le théâtre. Beaucoup de travail du corps, des moments acrobatiques parfois, des combats. Quand Sganarelle et Dom Juan vont dans la forêt en partant dans le public, ils évoquent ces étranges bêtes malodorantes qui peuplent ce lieu. Leur rire fait flèche de tout bois. Ce qui est très beau c'est que la relation entre le texte patrimonial et le jeu déjanté qui met en scène ce texte est toujours variée et nouvelle. Pas de système. Une vraie invention « de plateau » on pourrait dire ...
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