NOCES DE SANG / THÉÂTRE AIMÉ CÉSAIRE
- théâtre MARTINIQUE
- 28 sept. 2016
- 4 min de lecture
DU MER.5 AU SAM.8 OCTOBRE 2016 / 19H30 (COMPLET)
THÉÂTRE AIMÉ CÉSAIRE / FORT-DE-FRANCE

NOCES DE SANG de FREDERICO GARCIA LORCA Noces de sang trouve sa source dans un fait divers datant du 25 juillet 1928. Ça s’est passé dans une ferme aux alentours d’Almeria. Un drame comme on n’en inventerait pas, paraît-il...
Lorca attend trois ans avant d’écrire sa pièce, «ce mélodrame au titre accrocheur», écrite pour toucher les foules. Il y traite, entre autres, de deux thèmes qui préoccupent l’époque : le sexuel et le social.
J’y ajouterai l’honneur, car bien qu’omniprésent dans l’Andalousie du début du XXème siècle, il enveloppe littéralement toute la pièce. Dans la culture gitane, le père est avant tout un fils et si les chants ne louent que la mère, Noces de sang n’échappe pas à la règle. Le fiancé reste un fils, et la vraie tragédie est peut-être celle de la mère qui va perdre un fils, encore, telle une malédiction.
Tragédie en trois actes et sept tableaux, la pièce est l’histoire d’un mariage contraint, on ne saurait guère dire mieux, puisque les deux hommes s’entre-tuent et la femme demeure, béante devant sa faute, cette faute qu’elle ne pouvait s’empêcher de commettre, car la Terre la guidait.
L’homme, la femme, l’autre, celui qui rôde, la mère qui sait déjà qu’elle perdra encore un fils, le père, déjà veuf, et les autres, ces figures allégoriques, tels le duo Mort-Lune, sublime, ou les deux jeunes filles juvéniles qui entourent la fiancée. Tout semble inscrit. Le cheval qui galope la nuit, jamais rassasié, jamais fatigué. Ils ont beau lutter, les personnages ne peuvent résister au feu qui brûle en eux, malgré eux. Ils agissent, au détriment de la société, de la loyauté, de l’intérêt général, de la famille.
Cette pièce exprime la lutte contre ses désirs, sans courber l’échine. La pièce de Lorca résonne au-delà du contexte d’une Andalousie (et d’une Espagne) archaïque et matriarcale. Noces de sang est un drame, oui un drame comme il s’en passe aujourd’hui, dans les villes ou les campagnes, où un homme a perdu la tête, où une femme s’abandonne alors qu’elle n’aurait pas dû..., où la mort s’en mêle car elle semble la seule résolution possible.
Charlotte Escamez
► Extraits:
Noces de sang est un pur-sang de l’écriture théâtrale. C’est un bijou littéraire et dramatique qui mêle une part importante d’intime, de réalisme, presque de naturalisme et une part essentielle de poésie, de baroque, d’épique. C’est une oeuvre tendre et cruelle à la fois, mélange savoureux de quotidienneté et d’onirisme. Dans Noces de sang, les corps s’entrechoquent, se réconcilient, ils vacillent comme tétanisés par le destin. Les voix sont un chuchotement que le cri du désespoir abime. Et les coeurs se glacent quand la terreur rôde. Dans les tragédies grecques, l’homme est comme accablé par la main tragique d’une entité-hasard, nécessité, puissance divine qui révèle la nature humaine, la bouleverse, la violente et parfois la détruit jusqu’à la mort. Lorca est alors, peut-être, le frère d’écriture de Sophocle ou d’Euripide. Peut-on inverser la courbe du cours des choses? Peut-on se soustraire à la tradition familiale ? L’amour doit-il entraîner obligatoirement la vengeance ? Le meurtre appelle-t-il le meurtre ? Lorca est un esthète, il manie l’élégance des mots dans une rhétorique et un style légendaires. Il y ajoute une pincée de haine et de rêve. Noces de sang est un appel au théâtre. Noces de sang est un morceau de bravoure épique. Noces de sang est un chant d’intelligence qui fait froid dans le dos. C’est aussi une oeuvre enlevée, incandescente, un souffle d’amour et de beauté.
William Mesguich

Dans la presse:
FIGARO SCOPE / Jean-Luc Jeener
"William Mesguich monte la pièce en touchant l’essentiel : Eros et Thanatos. Dans la petite salle de l’Atalante où il est si agréable d’être près de la scène, on vit parfaitement la tragédie avec les comédiens. Une réussite."
LE NOUVEL OBSERVATEUR / Jacques Nerson
‘‘Voici une des plus pures tragédies populaires de Lorca, délicatement montée par William Mesguich. ”
L'HUMANITÉ / Jean-Pierre Léonardini "Dans Noces de Sang le meilleur est dans la peinture du monde nocturne et fantastique, avec des apparitions propres à susciter une terreur enfantine et des bruits majorés de sabots de cheval."
LE METTEUR EN SCENE WILLIAM MESGUICH Après une maîtrise de Lettres Modernes à Paris IV, William Mesguich suit les cours de Philippe Duclos et intègre l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique Pierre Debauche - Françoise Danell. Depuis 1982, il participe comme comédien à de nombreux spectacles, sous la direction de, notamment, Antoine Vitez, Roger Planchon, Pierre Debauche,Françoise Danell, Frédérique Smetana, Liliane Nataf, Robert Angebaud, Madeleine Marion, Miguel Angel Sevilla,Daniel Mesguich, Jean-Louis Benoît… Et sous sa propre direction. Il joue dans Le roman de Renart, Hippolyte de Robert Garnier, Athalie de Jean Racine, Marie Tudor de Victor Hugo, L’histoire qu’on ne connaîtra jamais d’Hélène Cixous, Les troyennes de Sénèque, Tartuffe et L’avare de Molière, Le roi se meurt d’Eugène Ionesco, La Périchole de Jacques Offenbach, La seconde surprise de l’amour de Marivaux, L’Echange de Paul Claudel, Alice Droz de Miguel Angel Sevilla, Le diable et le bon dieu de Jean-Paul Sartre, Fin du monde chez Gogo, Cabaret de Frédérica Smetanova, Si j’aime les trains, c’est sans doute parce qu’ils vont plus vite que les enterrements, autour de Robert Desnos, Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare, La grève des fées de Christian Oster, Paul Schippel de Carl Sternheim, Le prince de Hombourg de Heinrich Von Kleist, L’entretien de M. Descartes avec M. Pascal le Jeune de Jean-Claude Brisville, Du cristal à la fumée de Jacques Attali, Agatha de Marguerite Duras et Hamlet de William Shakespeare. Il participe également aux Théâtrales Charles Dullin, biennale d’écriture contemporaine, en 2004 et 2006.
Mise en scène : William Mesguich Traduction et Adaptation : Charlotte Escamez Son : Franck Berthoux Lumières et vidéo : Mathieu Courtaillier Régie : Laurent Dondon Costumes : Alice Touvet Décors et accessoires : Anne Lezervant Costumes : Alice Touvet Maquillage : Eva Bouillaut
Production : THEÂTRE DE L’ETREINTE
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