LE QUATRIÈME MUR / THÉÂTRE A.CÉSAIRE
- théâtre MARTINIQUE
- 26 déc. 2016
- 3 min de lecture
DU 19 AU 21 JANV 2017 / 19H30
LE QUATRIÈME MUR / LES IRRÉVÉRENCIEUX 2
THÉÂTRE A CÉSAIRE / FORT-DE-FRANCE

Après son succès cet été à Avignon au TOMA (Chapelle du Verbe Incarné), la compagnie des Asphodèles revient à Fort-de-France avec l'adaptation du Quatrième Mur de Sorj Chalandon, prix Goncourt des Lycéens 2013.
Plusieurs textes du grand reporter et romancier, ont été adaptés pour la scène mais étonnamment, jamais encore Le quatrième mur qui raconte une utopie théâtrale. En pleine guerre civile au Liban, Georges, un jeune idéaliste poursuit le rêve de son vieil ami grec empêché par la maladie : donner une représentation de l’Antigone d’Anouilh à Beyrouth, avec des acteurs issus des communautés qui se déchirent : une Antigone palestinienne, un Créon chrétien, un Hermon druze, des gardes chiites… Ce rêve d’une trêve théâtrale se fracasse à l’épouvantable réalité des massacres perpétrés par une milice libanaise chrétienne dans les camps palestiniens de Chatila, en septembre 1982.

« Veux-tu savoir qui je suis ? Et d’où je viens ? Je ne suis ni un résistant, ni un héros, ni une légende. Mais un metteur en scène parce que, lorsque je n’ai plus d’idée, j’invente un personnage. C’est tout. »

►Note de l'auteur:

Un auteur a toujours un pincement au cœur, au moment de l’adaptation de son texte. Voici les mots sortis du silence de sa tête, arrachés un à un des pages de son roman pour être dits. Les voilà sur scène, dans une lumière nouvelle, avec des voix qu’il ne soupçonnait pas. Voici ses personnages vivants. Leur regard, leur visage, leur façon de se déplacer, leur manière d’être, leurs gestes, leurs ombres portées. Et ce pincement au cœur, cette méfiance animale, peut parfois se transformer en pur vertige. Invité à l’avant-première du Quatrième mur, offert par le théâtre et la compagnie des Asphodèles, j’avais ce pincement. Je n’en étais ni inquiet, ni troublé. Cet état était naturel. Mes 327 pages allaient prendre vie et je n’étais pas à l’origine de cette métamorphose. C’était même la condition absolue de mon adhésion : n’intervenir en rien, sur rien. Laisser mes personnages passer de mains en mains et de cœurs en cœurs. J’avais ce pincement parce qu’on m’avait dit que cette adaptation serait à la fois poétique et urbaine, que l’on y chanterait peut-être, que l’on y danserait sûrement, que des airs orientaux enlaceraient des pas de hiphop, que les masques tragiques de la Commedia dell’arte viendraient en ballet s’opposer à la guerre des hommes. Et ce fut le vertige. Aux premiers mots, aux premiers pas. Mes personnages indociles, leurs rêves, leurs certitudes, leur chagrin. En déplaçant des panneaux d’acier, en changeant un chapeau pour un autre, en jetant un voile sur des cheveux défaits, en marchant au pas, au courant ici, là, en tombant en pluie comme on s’abandonne, les acteurs ont offert à leur public une chorégraphie immense, faite d’orages, de colères, de larmes et de désarroi. J’ai reconnu chacun d’entre eux. Sam était bien lui. Et Marwan, et Charbel, et Nakad, et Aurore, tous les autres. Imane était bien elle. Et Georges était bien moi. Dans le roman, j’ai tué ce personnage. J’ai envoyé mourir le narrateur à ma place sous les balles et les obus. J’aurais pu être lui. J’aurais pu devenir cet homme. C’est ma part de barbare que j’ai décidé de faire assassiner par d’autres. Parce qu’ici, en paix, il n’y avait pas de place pour deux. Dans la pièce de Luca Franceschi, Georges ne meurt pas. Pas devant nous, pas devant moi. Il était mort bien avant de rentrer en scène mais il reste vivant jusqu’à la dernière lueur. Tous, savons qu’il va tomber, mais l’instant de sa chute nous sera épargné. Cette élégance est d’une terrible beauté. Merci.
Sorj CHALANDON
►Présentation du projet par la troupe
Avec : Samuel Camus, Mathilde Dutreuil, Salla Lintonen, Yannick «YAO» Louis, Nicolas Moisy, Alexandra Nicolaïdis Mise en scène et adaptation : Luca Franceschi Composition Human Beatbox : Nicolas «TIKO» Giemza Chorégraphie : Fanny Riou Décors : Thierry Auzer et Vincent Guillermin Création lumières : Antoine Fouqueau Costumes : Laurence Oudry Photos : Michel Cavalca avec le soutien de l’ADAMI, de la Ville de Lyon et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes
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