ERZULI DAHOMEY, DÉESSE DE L'AMOUR
- théâtre MARTINIQUE
- 8 févr. 2017
- 5 min de lecture

DU JEU 16 AU SAM 18 FÉV 2017 / 19H30
THÉÂTRE AIMÉE CÉSAIRE / FDF (COMPLET)
SAM 11 FÉV 2017 / 20H
MÉMORIAL ACTE / POINTE-À-PITRE
De Jean-René Lemoine
Mise en scène de Nelson-Rafaell Madel Lauréat Prix des Jeunes metteurs
en scène 2016 au Théâtre 13 / Paris
La pièce Victoire Maison, la cinquantaine, mène une vie décente et retirée de veuve dans la petite commune de Villeneuve en Europe. Fanta, sa bonne antillaise, est bouleversée par la mort de Lady Di. Frantz et Sissi, ses jumeaux de seize ans, le sont aussi, ils admirent le destin tragique de la princesse. Victoire apprend la mort de son fils aîné, Tristan, dans un crash d’avion. Peu après l’enterrement de ce dernier, surgit brusquement Félicité Ndiogomaye Thiongane, une femme sénégalaise venue réclamer le corps de son fils West. Si West est ce fantôme qui trouble les nuits agitées du Père Denis, le précepteur des jumeaux, n’est-ce pas lui qui repose aussi dans le caveau familial? Mais dans ce cas où est Tristan? Tout a désormais changé de face dans cette maison. Tandis que chacun tente de se réinventer, la déesse Erzuli Dahomey surgit.

L'AUTEUR JEAN-RENE LEMOINE

Dans Erzuli Dahomey, tout en empruntant la forme du vaudeville, je souhaitais en démonter la mécanique, y insuffler le tragique, pour raconter, entre autres, le parcours initiatique d’une mère, Victoire Maison, qui veut retrouver son fils, parti le plus loin possible. Le théâtre peut être le lieu de rassemblement de tout ce qui façonne nos imaginaires, et l’écriture dramatique celui de l’intrication d’éléments qui constituent notre société dans ses modernités, qu’il s’agisse de la mode, des vidéo-clips, des légendes ou du cinéma. L’essentiel étant de recréer de la Poésie ! Erzuli Dahomey participe de mon envie de mêler le tragique et le frivole.
Si Erzuli Dahomey parle du choc de deux mondes, racontant aussi, de façon hallucinée, une partie de la grande Histoire (celle de la traite et de l’esclavage), la pièce ne se situe pas moins profondément dans l’intime d’une famille. Il y est question de rapports de pouvoir, de manque d’amour, de désirs périlleux, mais aussi et surtout de solitude. Je tenais à plonger le spectateur dans un maelström de sentiments et de situations paradoxales où l’on rit au début d’une réplique pour ressentir l’instant d’après l’obscurité ou la violence, comme l’amer qui succède au doux... Ce qui est fondamental dans la rencontre entre Victoire, la femme blanche, et Félicité, la femme noire, c’est que chacune a perdu un fils.

De ce point de vue, la « vérité profonde » de Félicité, c’est de faire pleurer Victoire... Le théâtre est pour moi le lieu de l’irrationnel, du poétique. Et s’il y a une présence du poétique dans l’univers de Félicité, celui ci n’est pas pour autant absent de l’univers de Victoire, qui a été actrice. Mais chez elle, il s’est effacé. C’est l’apparition du fantôme de West, le fils de Félicité, puis l’irruption de cette dernière, qui amorcent la «révolution» de Victoire.
D’autres personnages, dans Erzuli Dahomey, accomplissent leur parcours et leur initiation à l’instar de Victoire. C’est le cas du Père Denis, qui « naît » lorsqu’il tombe amoureux du fantôme de West et lorsqu’il part, ensuite, à la découverte de son propre corps jusqu’ici intouché. C’est le cas de Fanta, qui vit son dur quotidien dans la détestation de ses « maîtres », mais aussi dans un profond déni d’elle-même ; elle sera « chevauchée » par la déesse Erzuli Dahomey qui prendra possession d’elle comme une maladie mentale. Ce qui traverse Erzuli Dahomey, pour moi, c’est le vertige : les personnages perdent pied comme si aucun n’avait de terre – dans tous les sens du terme – à commencer par la terre natale ; ils sont exilés, au sens propre et figuré. C’est une pièce musicale,en ruptures de rythmes, avec ses valses récurrentes, aiguës, ses tourbillons ; entrecoupée d’adagios.
Dans le gouffre, il y a les retrouvailles. Et dans les retrouvailles, il y a le gouffre.
Mise en scène et scénographie : Nelson-Rafaell Madel Auteur : Jean-René Lemoine Collaboration à la scénographie : Lucie Joliot Avec : Alvie Bitémo, Emmanuelle Ramu, Karine Pédurand, Claire Pouderoux, Adrien Bernard-Brunel, Mexianu Médénou, Gilles Nicolas Collaboration chorégraphique : Gilles Nicolas Lumières : Lucie Joliot Création sonore et musique originale : Yiannis Plastiras
Production : Compagnie Théâtre des deux Saisons
DANS LA PRESSE
Le jeune metteur en scène Nelson-Rafaell Madel propose une puissante lecture de la pièce de Jean-René Lemoine « Erzuli Dahomey » pour laquelle il avait reçu le Prix Théâtre 13/Jeunes metteurs en scène. Une histoire de cultures mêlées, de retour aux racines montées avec des acteurs formidables et un poignant travail chorégraphique. Un jeune artiste à suivre de très près. Hélène Kuttner - Artistikrezo
Une pluralité des cultures à l’épreuve de la vie Lauréat 2016 / Prix Théâtre 13 / Jeunes metteurs en scène, la compagnie Théâtre des deux saisons réinvestit le plateau du Théâtre 13 / Seine pour offrir aux spectateurs une proposition aussi singulière qu’inattendue. Le jeune metteur en scène, Nelson-Rafaell Madel s’est approprié le texte de Jean-René Lemoine avec une intelligence et une finesse rare, maîtrisant le rythme d’une écriture délicate et à la fois fulgurante. Ce théâtre de l’urgence est mené, tambour battant, par une équipe de comédiens de haute volée, qui ne se perd jamais dans les méandres d’une mise en scène millimétrée. Bruno Deslot - Theatreactu
Ce spectacle est un ensemble de situations qui vont d’une extrémité à l’autre : tantôt drôles, tantôt tristes ! Le tout servi avec une dose d’humour qui permet au public d’apprécier le voyage. La confusion du départ n’est que prétexte pour aborder les vrais problèmes : le regard que l’on porte sur l’autre, la solitude au milieu des gens, la quête de l’amour ou la rédemption. Anthony Mouyoungui
Nelson-Rafaell Madel réussit à marier théâtre et poésie, pour tisser des liens entre le merveilleux, la magie-Erzuliest un Iwa (esprit, divinité) du vaudou-et de graves questions éthiques et politiques toujours d’actualité, comme le racisme et l’esclavage. Un texte de toute beauté, un théâtre de l’urgence dont on sort avec, à l’esprit, ce petit message : «Prends soin de laisser la porte ouverte au dionysiaque, au merveilleux, et de danser de temps à autre avec eux!». Elisabeth Naud - Théâtre du Blog
LE METTEUR EN SCENE NELSON-RAFAELL MADEL Directeur artistique de la Compagnie Théâtre des Deux Saisons et membre fondateur du Collectif La Palmera.
Metteur en scène de:
Minoé, d’Isabelle Richard Taillant (2010),
P’tite souillure de Koffi Kwahulé (2013),
Nous étions assis sur le rivage du monde de José Pliya (2014).
Il a été assistant à la mise en scène de Claude Buchvald, Pierre Guillois, Marie Ballet, Naidra Ayadi…

Comédien dans:
Roméo et Juliette de Shakespeare et Chacun sa vérité de Pirandello, mise en scène Yoshvani Médina (Scène nationale de Martinique) ;
Falstafe de Valère Novarina, mise en scène Claude Buchvald;
Le Ravissement d’Adèle de Rémi De Vos mise en scène Pierre Guillois;
Horace de Corneille mise en scène Naidra Ayadi;
Liliom de Ferenc Molnar mise en scène Marie Ballet;
Nous étions assis sur le rivage du monde de José Pliya, mise en scène Evelyne Torroglosa (Martinique, 2009);
La Résistante mise en scène Sandrine Brunner;
Erotokritos de Vitzensos Cornaros, mise en scène Claude Buchvald,
Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort d’après Racine, mise en scène Néry,
Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, mise en scène Paul Nguyen; Le Dragon d’Evguéni Schwartz mise en scène Néry ;
Le Petit Prince adaptation et mise en scène Stella Serfaty ; Quelque part au coeur de la forêt : la belle et la bête, texte de Claude Merlin, mise en scène Claude Buchvald ; Richard III d’après Shakespeare, mise en scène Margaux Eskenazi.
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